Continuer guitar.vanlochem.be ?

Ces dernières années, beaucoup de lieux de concerts ont fermé leurs portes. Les scènes intimistes, à mon échelle, où l’on pouvait encore savourer une guitare acoustique en fingerpicking deviennent rares. Même Akustik Gitarre, l’un des derniers magazines spécialisés qui nous faisait rêver et découvrir, cesse sa publication. Toutes proportions gardées, face à tout cela, je me demande : à quoi bon continuer un site comme guitar.vanlochem.be, surtout sans rentrées financières artistiques ?

Le site me coûte tout de même à plus de 200 € d’hébergement par année. Sans compter les logiciels de traitement d’image ou de vidéo. En partie, parce que j’ai fait le choix d’utiliser des plugins WordPress payants et un thème customisé, pour un résultat qualitatif. J’ai décidé de ne pas pirater, ou voler du contenu créé par d’autres, un choix courageux, mais « stupide ». À l’avenir se posera sans doute aussi la question du recours à l’IA générative.

J’ai également toujours désiré que mon activité musicale soit indépendante du budget du ménage. Longtemps, ce fut le cas. Au fil des ans, j’ai dû augmenter mon hébergement pour garder un site performant malgré le nombre d’articles et de photos accumulés. Repartir d’une page blanche ? Repenser plus minimaliste ? Trouver une plateforme gratuite ? Faire appel aux dons ?

Peut-être un jour, mais ce site est aussi une mémoire. À l’heure où tout semble disparaître dans le flux constant des réseaux, garder une trace devient un acte de résistance. Chaque article publié sur le site contribue à préserver un petit pan du patrimoine acoustique. On écrit un peu pour soi, mais également pour ceux qui chercheront une astuce oubliée ou une manière de faire sonner une corde différemment.

David van Lochem au studio

David van Lochem au studio

Motivé ?

La motivation, je la trouve dans les échanges, dans les rares messages que vous m’envoyez, dans les visites régulières au fil des mois. Et, j’aime écrire autant que raconter, ce petit péché d’orgueil. Ce site, je l’ai toujours financé avec mes revenus musicaux, par choix, par conviction. J’espère maintenir un espace vivant, humain, qui résiste aux algorithmes des réseaux sociaux. Publier efficacement sur des réseaux comme Facebook ou X me coûterait sans doute encore plus cher. 

Guitar.vanlochem.be, c’est un lieu pour les passionnés de jeu acoustique, pour ceux qui cherchent une inspiration, un avis très personnel ou un conseil honnête. C’est aussi un carnet de route : mes découvertes, mes expérimentations, mon matos, mes coups de cœur… partagés avec vous, simplement.

Alors oui, il n’y a plus de cachets de concerts pour l’instant. Non, je ne vis pas de la musique, mais j’ai toujours essayé de financer mon art par mon art. Tant qu’il reste des doigts pour jouer, des oreilles pour écouter, et des cœurs pour vibrer, ce site gardera son sens. La passion ne dépend pas du marché, pourtant le marché impose sa loi malgré tout.

Merci d’être là, de lire, d’écouter, de partager. Néanmoins, au moment de payer mon hébergement, la question revient, lancinante, « Stop ou Encore ? ».

Si vous avez envie de participer au financement du site, voici le lien vers une petite cagnotte Tribee : https://tribee.fr/participations/guitarvanlochembe.
(5% sont reversés à une association active dans l’environnement)

Évidemment, je peux tout à fait me contenter de quelques encouragements, pour savoir que ce que je fais a de la valeur à vos yeux.

Akustik Gitarre disparaît, la fin d’une époque

Voilà, c’est fini… (air connu). Après 30 ans, le magazine allemand de référence pour le petit monde de la guitare acoustique disparaît. Avec la montée en puissance du numérique, les magazines papier consacrés à des passions de niche, comme Akustik Gitarre, disparaissent progressivement du paysage médiatique. Cette publication allemande, dédiée à la guitare acoustique et au fingerpicking, était une véritable référence pour les passionnés. Elle proposait des interviews, des tests de matériel, des partitions, et des conseils techniques d’une grande qualité. Sa disparition marque la fin d’une époque.

Akustik Gitarre disparaît

Akustik Gitarre disparaît

J’ai un lien affectif particulier avec ce magazine. Il m’a accompagné pendant des années. J’y ai été cité comme participant à une compilation, j’ai eu le plaisir de rédiger une biographie de 25 ans de carrière de Jacques Stotzem pour le label lié au magazine et j’y ai vu plusieurs de mes photos publiées au fil du temps. Mais surtout, c’était une source d’information et d’inspiration constante pour moi. J’y découvrais du matériel, des gadgets et des sorties d’albums dans un secteur de niche qui est parfois noyé dans la masse d’information musicale et culturelle. Je ne compte plus les artistes que j’ai découverts grâce à ce magazine.

J’y lisais les espoirs, les parcours, les joies et les doutes de musiciens auxquels je pouvais parfois m’identifier en tout petit, de loin. J’avoue en toute immodestie avoir parfois rêvé d’y écrire quelques lignes ou de pouvoir y lire une critique de quelques lignes de cet album que je ne ferai sans doute jamais. Alors que je cherche une petite étincelle perdue, ailleurs de grands feux s’éteignent. 

Un mal généralisé ?

Ce phénomène touche de nombreux domaines spécialisés : qu’il s’agisse d’aéromodélisme, d’astronomie amateur ou de lutherie, les publications papier se raréfient. Plusieurs facteurs expliquent cette tendance. D’abord, la baisse des ventes de magazines, concurrencés par la profusion de contenus en ligne souvent gratuits. Ensuite, les coûts de production et de distribution du papier deviennent difficilement soutenables pour des tirages modestes. Enfin, les nouvelles générations ont des habitudes de lecture très différentes, privilégiant les tutoriels YouTube, les podcasts ou les forums spécialisés.

Ce sont souvent des publications à destination de passionnés portés à bout de bras par quelques passionnés qui doucement atteignent l’âge de se retirer sans trouver de successeurs pour reprendre le flambeau.

Dématérialisation sans passion

Mais cette évolution soulève une vraie question : peut-on remplacer la richesse, la fiabilité et la profondeur d’un magazine de niche par des contenus épars et souvent moins rigoureux disponibles en ligne ? Si le web regorge de ressources, il manque parfois la cohérence éditoriale et l’expertise qu’apportaient des magazines comme Akustik Gitarre. Le risque, c’est une perte de transmission du savoir, particulièrement dans des disciplines où l’expérience et le détail comptent énormément.

Tout n’est pas perdu : certaines publications se réinventent en ligne, en proposant des formats hybrides (PDF, vidéos, abonnements numériques). Mais la disparition de ces revues papier laisse un vide, à la fois culturel et émotionnel, pour celles et ceux qui les attendaient chaque mois comme un rendez-vous précieux avec leur passion.

Merci à tous les rédacteurs pour toutes ces années de bon boulot. Je ressens déjà un grand vide. I’ll miss you.

Le palm mute en fingerpicking : groove et percussion

Qu’est-ce que le palm mute ?

Le palm mute consiste à étouffer légèrement les cordes avec la paume de la main droite (pour les droitiers) pendant qu’on joue. Le but n’est pas d’éteindre complètement le son, mais de réduire la résonance des cordes — notamment des cordes graves — pour obtenir un rendu plus court, sec et percussif. « Poum-tchac » comme disait le regretté Marcel Dadi. Mais ce petit farceur vit caché sous la paume de la main droite, pas facile à comprendre.

palm mute

Le palm mute se cache sous la main

Cette technique est souvent utilisée dans le jeu en fingerstyle pour donner du relief au jeu de basse tout en gardant les aigus bien définis. C’est une arme secrète du fingerpicker : il donne plus de maîtrise rythmique, apporte une dimension percussive et affine le contrôle du son. Il permet de donner une assise rythmique et permet de bien isoler la mélodie.

Comment réaliser un bon palm mute ?

Voici les étapes pour bien placer le palm mute en fingerpicking :

  1. Placer le bas de la paume, côté petit doigt, juste après le chevalet (bridge) de la guitare.
    • Le positionnement est crucial :
      • Trop proche du chevalet : son clair, peu étouffé.
      • Trop loin du chevalet : son trop sourd, complètement étouffé.
  2. Jouer les cordes graves (E, A, D) avec le pouce tout en gardant les aigus libres pour le picking avec les autres doigts.
  3. Garder une pression légère : laisse les cordes vibrer un peu, mais pas trop.

Astuce : commencer sans palm mute, puis ajoute-le progressivement pour bien sentir la différence.

À écouter : 

Marcel Dadi : l’inoubliable « poum-tchac » très bien expliqué dans cette vidéo

Tommy Emmanuel : dans ses arrangements, le palm mute apporte un côté très « batterie ».

Richard Smith : Pineapple Rag, sur cordes nylon

 

Choisir un micro pour amplifier sa guitare acoustique

L’amplification d’une guitare acoustique est un art délicat : il s’agit de capturer fidèlement la richesse et la dynamique naturelle de l’instrument tout en évitant les nombreux problèmes liés à la sonorisation. Contrairement à une guitare électrique, qui repose sur des micros magnétiques conçus pour capter directement les vibrations des cordes, une guitare acoustique produit son timbre à travers la résonance de sa caisse. Cette spécificité rend son amplification plus complexe, car elle doit restituer à la fois la profondeur du son, l’équilibre entre les basses et les aigus, ainsi que les nuances du jeu, notamment en fingerpicking où chaque note doit être distincte et expressive.

Plusieurs obstacles peuvent survenir lorsqu’on cherche à amplifier une guitare acoustique :

  • Le larsen : dû à la résonance de la caisse, il peut devenir un véritable cauchemar en concert, en particulier avec des micros à condensateur placés à l’intérieur ou à proximité de l’instrument.
  • Un son trop artificiel : certains micros, particulièrement les piézos, peuvent produire un son trop sec ou métallique, qui manque de chaleur et d’authenticité.
  • Les bruits parasites : une guitare acoustique capte naturellement les bruits de frottement des doigts sur les cordes, les coups sur la caisse, ou encore les résonances indésirables, ce qui peut compliquer le mixage en live. Personnellement, ça ne me dérange pas toujours, c’est une partie du son vivant de l’instrument.
  • Un manque d’équilibre : certains systèmes amplifient davantage certaines fréquences, rendant le son trop brillant ou, au contraire, trop étouffé selon l’installation.

Face à ces défis, différents types de micros ont été développés pour répondre aux besoins des guitaristes en fonction de leur usage (scène, studio, home recording). Chacun a ses propres avantages et inconvénients, et le choix du bon système dépend du style de jeu, de l’environnement et des préférences sonores du musicien.

1. Micro piézoélectrique (ou piézo)

Je suis tenté de dire que c’est le système qui a permis le boom des guitares acoustiques sur scène. Ils ont été haïs à peu près autant qu’ils ont rendu service. Leur fonctionnement se base sur le fait que certains cristaux, lorsqu’ils sont déformés, produisent un courant électrique. C’est ce courant qui est amplifié. Les micros piézo ont évolué avec le temps et le progrès technologique. Ils sonnent moins « canard coin coin » qu’avant, mais ils restent un gros compromis sur le son. Certains préamplis utilisent des algorithmes pour modéliser un son de guitare réaliste au départ du son piézo. Une idée qui fait se dresser les cheveux sur la tête de certains qui considèrent le son obtenu doublement artificiel et trop éloigné du son d’origine.

micro piézo sous le chevalet

micro piézo sous le chevalet

micro sous forme de pastilles sous la table

micro sous forme de pastilles sous la table

Principe : Placé sous le sillet du chevalet, il capte les vibrations des cordes transmises à la table d’harmonie. Certains systèmes comportent une ou plusieurs pastilles à coller sous la table ou le chevalet pour un son plus naturel. Constat amusant, du nom à la fiche technique, certains fabricants redoublent d’imagination pour faire oublier le côté « piézo » de leur micro. Le nom est trop infamant.

Avantages :

  • Résistant au larsen
  • Son clair et précis, souvent percussif
  • Discret et généralement préinstallé sur les guitares électro-acoustiques
  • Facile à amplifier sans trop de réglages

Inconvénients :

  • Son parfois artificiel (« quack » métallique)
  • Nécessite un préampli pour un rendu optimal
  • Moins de chaleur et de profondeur qu’un micro aérien

2. Micro magnétique

micro magnétique - source : www.IZfrets.com

micro magnétique – source : www.IZfrets.com

Principe : Se place dans la rosace et capte les vibrations des cordes (comme un micro de guitare électrique). Je trouve le son souvent très « électrique », mais de nombreux guitaristes aiment ce son très chaud et très « solide » en live. Certains sont combinés avec un petit micro pour donner plus de naturel au son.

Avantages :

  • Son chaleureux et équilibré
  • Facile à installer et à retirer
  • Insensible aux bruits de manipulation et aux interférences extérieures

Inconvénients :

  • Son un peu moins naturel qu’un micro à condensateur
  • Déséquilibre de volume entre les cordes qui ne peut que partiellement être corrigé en jouant sur la position des capteurs
  • Apparence visible dans la rosace
  • Certains guitaristes pensent que ça influence aussi le son en rigidifiant la table

3. Micro à condensateur

J’adore mon Neumann MCM 14, le son est incroyable. Mais il faut des conditions très contrôlées pour éviter le larssen et profiter pleinement du son. Son encombrement peut être un peu gênant. Un micro sur un pied aurait évidemment l’inconvénient de me figer sur scène, voire de m’obliger à jouer assis.

Micro Neumann MCM 114

Micro Neumann MCM 114

Principe : Un petit micro placé à l’intérieur ou à l’extérieur de la caisse (souvent fixé sur une éclisse et pointé vers la table ou dirigé vers la rosace par l’intérieur).
Avantages :

  • Sonorité naturelle et détaillée
  • Capture les nuances et la résonance de la guitare
  • Idéal pour le studio et les performances en acoustique

Inconvénients :

  • Sensible au larsen en live (très !)
  • Capte aussi les bruits de manipulation
  • Encombrant s’il est monté à l’extérieur
  • Nécessite une alimentation (pile ou alimentation fantôme)

4. Système hybride (micro + piézo ou autre combinaison)

C’est un système comme le Fishman Ellipse Blend qui est installé sur mes guitares. J’aime bien ce système, essentiellement parce que c’est le son avec lequel « j’ai grandi ». Il reste une valeur sûre, même si je pense qu’on a fait mieux depuis concernant le son. Certains se plaignent qu’il lui arrive de vibrer ou produire des sons mécaniques parasites en raison de ses diverses fixations dans la guitare.

micro hybride - source : Fishman

micro hybride – source : Fishman

D’autres systèmes ont un préampli (avec ou sans micro à condensateur) plus ou moins complexe installe sur l’éclisse avec des boutons de contrôle et un accordeur accessibles au regard. Cela nécessite une grosse défonce dans le côté de la guitare. Il me semble qu’on en voit moins de nos jours (ou c’est juste une impression ?). Il est toujours possible d’utiliser un préampli au sol pour régler son EQ et s’accorder.

Préampli d'éclisse - source : Takamine

Préampli d’éclisse – source : Takamine

Principe : Combine plusieurs micros (souvent piézo + micro à condensateur ou piézo + magnétique) pour équilibrer le rendu sonore. 

Avantages :

  • Polyvalence et équilibre entre naturel et clarté
  • Possibilité de mixer les signaux pour un son plus riche
  • Adapté aux performances live et au studio

Inconvénients :

  • Installation plus complexe
  • Prix souvent plus élevé
  • Peut nécessiter une égalisation avancée pour éviter le larsen

Lequel choisir ?

  • Pour la scène : piezo ou magnétique (simple, efficace) ou système hybride (efficace et son plus réaliste)
  • Pour la scène en conditions idéales et maitrisées : système hybride ou micro à condensateur
  • Pour l’enregistrement et le studio : Micro à condensateur (son naturel) à combiner avec des micros externes. Certains jouent sur la combinaison piézo pour les basses et la charpente et micro pour le reste du son
  • Pour une solution polyvalente : Système hybride

Si vous cherchez un son naturel et détaillé pour du fingerpicking, un bon micro à condensateur ou un système hybride sera généralement plus fidèle aux nuances de votre jeu. Pour un concert occasionnel, un piézo seul fera l’affaire avec un bon préampli, éventuellement avec modélisation du son, si vous aimez l’idée et le rendu (tout le monde n’est pas fan).

Dans tous les cas, l’important est aussi de savoir bien régler son ampli/préampli avec la bonne routine > Comment régler son préampli-égaliseur ?

Pour vous enregistrer, investissez dans un bon micro à condensateur à placer devant la guitare. Bien choisi, il pourra vous servira aussi pour d’autres projets.